Christophe Boltanski

Christophe Boltanski 
King Kasaï
Éditions Stock
@manuitaumusee


Sur le bandeau de couverture, on retrouve une reproduction d’une peinture de l’excellent peintre congolais, Chéri Samba. À l’intérieur, c’est Christophe Boltanski qui s’en va passer une nuit au musée.

C’est à l’extérieur de l’Africa Museum que le voyage de l’écrivain français débute, là où se trouvent les tombes de Congolais morts pendant l’exposition universelle de 1897. « Pourquoi m’enfermer dans une salle obscure alors que la visite qui m’est proposée commence dans cette nécropole oubliée, envahie par les herbes folles et les roses trémières ? » 267 congolais sont venus et ont été exposés aux regards curieux de la foule. 7 d’entre eux sont morts. 

C’est un voyage dans le passé colonial que va poursuivre l’auteur des vies de Jacob. D’abord musée du Congo Belge, puis Musée de l’Afrique Centrale, l’Africa Museum n’obtient que son nom actuel que récemment lors de sa première restauration en 2018. Jamais, il n’avait changé depuis son ouverture en 1910. Comment décoloniser un musée colonial ? Christophe Boltanski évoque le passé de la Belgique, un passé sombre et raciste qui fascine Hergé notamment. L’auteur de Tintin se rend plusieurs fois dans ce musée sans même se rendre au Congo pour créer ses aventures. L’auteur évoque la mémoire, l’histoire d’un pays à travers la création d’un musée voulu par le roi Léopold II afin de promouvoir sa collection de chasseur. Des espèces, il y en des centaines et c’est devant l’éléphant Kassaï que Bolanski « s’apprête à passer le reste de la nuit devant un éléphant qui a été tué pour le bénéfice et l’édification du genre humain, autant dire pour moi et mes semblables. »

C’est un essai remarquable sur l’Histoire. Cette histoire qui a longtemps été enterrée dans les profondeurs les plus obscures, dans des fosses communes. Avec ce livre, l’auteur français exhume le passé colonial de la Belgique pour donner à lire notre vision occidentale du Congo. Enquêteur hors-pair, conteur magnifique, Boltanski nous emmène dans le passé pour ne pas oublier les atrocités.


Christophe Boltanski
Copyright Stéphane Lecomte

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