Natasha Brown
Assemblage
Traduit par Jakuta Alikavazovic
Grasset
Dans « Assemblage », la narratrice est une jeune femme britannique noire possédant tous les indicateurs de la réussite, très bel appartement, un travail dans la finance avec une belle promotion, un compagnon issu d’une belle famille. « Je suis tout ce qu’on m’a dit de devenir. »
Mais sa vie peut s’éclater à tous moments. Les visites chez le médecin pour une biopsie comme pour mieux chercher l’élément qui ronge, l’invitation à l’anniversaire de mariage de ses beaux-parents, sa présence dans une entreprise comme incarnation de la diversité. La jeune femme questionne son identité si fragmentée et fragile.
Les mots tranchent d’entrée. À l’image de la vie de la narratrice, le roman est explosé. Les phrases sont courtes, sévères et franches. L’écriture est moderne en ce sens qu’elle joue du lecteur, le malmène et triture le classicisme du roman pour mieux le questionner. Le fond et la forme se rassemblent et donne à lire un court texte qui fera date. Avec cette forme décomposée, Natasha Brown dit simplement les ressentis. Cette colère froide qui habite la narratrice qui est toujours l’étrangère quoiqu’il arrive. Elle n’est que tolérée, elle est le quota, la noire parmi les blancs. Elle dit l’assimilation, ce mot violent. « La réponse : l’assimilation. Toujours cette pression, pile à cet endroit. Assimilez-vous, assimilez-vous… Dissolvez-vous dans ce melting-pot. Puis coulez-vous dans le moule. » Avec la colère, elle dit aussi la lassitude de cette vie en mille morceaux où quoiqu’elle fasse ce sera toujours remarqué.
Texte indispensable et remarqué en Angleterre. Ce premier roman de Natasha Brown est d’une grande force.
